Voici donc un billet écrit par Valérie, blogueuse itinérante :
Barrett est, depuis l’âge de quinze ans, résolument incroyant, comme seul peut l’être un ex-catholique.
Barrett et Tyler sont frères et partagent le même appartement new-yorkais. Ils veillent aussi sur Beth, la compagne de Tyler, qui souffre d’un cancer. Un soir, alors qu’il traverse Central Park, Barrett voit une lumière. Il a beau lire les journaux dans les jours qui suivent, personne ne mentionne cette vision.
Il y a chez Michael Cunningham une atmosphère particulière qui fait que lire l’un de ses romans revient à entrer sur un territoire dont on connaît certaines caractéristiques mais qui évolue néanmoins avec le temps. J’ai apprécié de me retrouver dans cet univers particulier. L’auteur décrit toujours très bien les relations entre hommes, ce sont toujours des passages que j’aime particulièrement dans ses romans, que ce soit les relations fraternelles ou le désir d’un homme pour un autre. Ici, il réussit aussi à nous dresser le joli tableau d’une quinquagénaire qui vit des relations avec des jeunes hommes sans que cela ne la satisfasse vraiment. Barrett et Liz se ressemblent beaucoup mais alors que Liz sait que la beauté de ses amants ne se substitue pas à l’amour qu’elle ne parvient pas à éprouver, Barrett vit (et le lecteur avec lui) le moment où il se rend compte que la bêtise de celui sur lequel il fantasme a le pouvoir de faire fondre ce désir. C’est un roman sur les ambitions déçues , Tyler ayant raté sa carrière de musicien, Barrett n’ayant pas non plus tenu les espoirs qu’on fondait sur lui, sur l’addiction puisque Tyler est cocaïnomane, sur la rage que l’on transfère : ici, c’est Tyler qui s’en prend sans cesse à Bush alors que ce qu’il ne supporte pas, c’est l’idée qu’il puisse perdre sa femme. Il y a toujours de belles pages sensuelles dans les romans de Cunningham, et les plus belles mettent toujours en scène deux hommes. Et puis contrairement à d’autres romans de l’auteur, il n’y a pas de pages un peu trop bavardes sur l’art.
Moi qui n’aime ni La reine des neiges (le dessin animé), ni les histoires fantastiques, le titre et le résumé ont failli me faire passer à côté de ce roman qui ne conviendra pas à tout le monde, mais qui mérite d’être découvert.