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"Une nuit, il a choisi de se donner la mort, au premier étage de votre maison". Au matin, à huit heures avec ton père tu l'as trouvé".
J'ai ouvert "Nuit de septembre" un soir, avec l'idée d'en lire quelques pages pour apprivoiser le sujet et je l'ai lu d'une traite, oubliant la télévision allumée et le monde autour de moi. Je n'ai pas écrit mon billet immédiatement, tétanisée par la crainte de pas y arriver. Je ne vous cache pas que j'ai craint également de vous effrayer à la seule évocation du sujet..
De l'avant et du pourquoi nous ne saurons rien. Ce n'est pas vers le passé que se tourne Angélique, elle tente de vivre le moment présent. Comment continuer à vivre après un choc aussi violent, une perte aussi cruelle ? C'est ce qu'elle nous raconte dans ce très beau récit, tout sauf morbide. C'est vers la vie qu'elle nous entraîne, sans aigreur ni colère. Elle n'en veut à personne et cherche le réconfort auprès de tous : "Tu ne veux pas du silence, du secret. C'est d'abord un refus. Tu veux du mot. Et puis encore une fois, tu veux qu'on t'aide à porter. A tes épaules, d'autres épaules, à tes mains, d'autres mains prolongées d'autres bras. Qu'on t'accompagne. Qu'on soit plusieurs, c'est ça. Une troupe. Une mer."
Les jours passent et la vie s'impose timidement. L'aide et le réconfort viennent bien-sûr des humains, même s'il arrive qu'ils se montrent maladroits. Il est difficile de consoler celui a perdu un proche, qui plus est un enfant. Parfois, c'est la nature qui vient à la rescousse. Dans le cas d'Angélique, les arbres jouent un rôle important : les regarder, les toucher, les humer. Il y a aussi les objets du quotidien, ceux qui rassurent par leur présence immuable ou encore la musique, qui fait couler les larmes qui soulagent. Il y a eu aussi le bon vieux chat qui a offert avec sa mort, les gestes empêchés.
Ceux qui connaissent l'écriture d'Angélique Villeneuve retrouveront avec bonheur la délicatesse de son écriture, la précision et la justesse de ses mots. Elle aurait pu dire "je", elle dit "tu". J'imagine que ce "tu" lui a permis de mettre un peu à distance la mère chavirée pour laisser de la place à l'écrivain. Ce livre est triste bien-entendu, comment pourrait-il en être autrement ? Pourtant, ceux qui l'ont lu s'accordent à dire qu'ils sont sortis de cette lecture apaisés. Le lecteur et l'auteur se consolent mutuellement de cette mort qui fait partie de nos vies à tous.
"Depuis, à voix basse, tu lui parles. Tu lui demandes s’il se souvient.
La mer étale à huit heures du soir, les talus hérissés d’iris, les pierres de la cour tièdes sous la peau du pied, les filles dont les yeux sourient, toutes les choses belles et la lande silencieuse.
Tu espères tant qu’il est parti gonflé d’elles. Mais comme tu n’es pas sûre qu’en aide, en ailes, ces choses lui soient venues cette nuit-là, tu les lui donnes par la pensée, la respiration, le murmure".
Merci Angélique.