
Audiolib (Grasset) - novembre 2019 - lu par l'autrice
Nous suivons par alternance deux femmes, sur deux époques. Nous faisons tout d'abord la connaissance de Solène, avocate sans enfants, qui a consacré sa vie à sa carrière. A l'âge de 40 ans, un événement traumatisant dans sa vie professionnelle la plonge dans un burn-out aussi soudain que violent. Le psychiatre qui la suit l'oriente vers le bénévolat. C'est ainsi que Solène, sans conviction, frappe à la porte de l'Armée du Salut, qui cherche un écrivain public pour quelques heures de permanence au "Palais de la femme", dans le 11ème arrondissement de Paris. Solène découvre un lieu dont elle n'imaginait pas l'existence. Après une période de doute et de découragement, elle apprivoise les femmes qui y vivent (et l'inverse est tout aussi vrai).

La deuxième femme que nous côtoyons s'appelle Blanche Peyron. Née en 1867, elle décide, très jeune, de consacrer sa vie à aider les autres au sein de l'Armée du Salut. Mariée à un homme qui, lui aussi, se dévoue aux démunis, Blanche concentre son action sur les femmes, qui, dans la rue, sont livrées à tous les dangers. Quand elle découvre que des bâtiments sont en vente Rue Charonne, à Paris, elle imagine ce qu'elle pourrait en faire et convainc son mari de l'aider à trouver des fonds pour en faire l'acquisition. Le projet est fou. L'ancien hôtel vaut une fortune. Blanche, tenace, se démène en dépit d'une santé fragile et parvient à ses fins grâce à sa détermination. Le "Palais de la femme" est inauguré en 1926.

Je ne connaissais absolument pas l'existence de ce lieu (inscrit aux bâtiments historiques). J'ai trouvé passionnant de découvrir son histoire, étroitement liée à la pugnacité d'une femme hors du commun, sortie de l'oubli grâce au roman de Laetitia Colombani. J'ai aimé la façon dont l'autrice donne vie au Palais de la Femme dans sa version actuelle. Elle explique dans l'entretien qui clôture le livre audio qu'elle a eu la chance de visiter les lieux, d'échanger avec sa directrice et de mener des entretiens avec quelques résidentes. Ces femmes lui ont inspiré les personnages secondaires du roman.
Je n'avais pas été totalement séduite par "La tresse", le premier roman de Laetitia Colombani, le trouvant un peu "facile". Je lui préfère "Les victorieuses", pour l'originalité de son thème et la façon de le traiter. La version audio est tout à fait réussie (on sent que Laetitia Colombani, qui lit son texte, est comédienne). Si vous n'avez pas pas l'habitude de lire audio et que vous voulez vous lancer, ce livre est tout à fait adapté (ni trop long, ni trop complexe dans sa narration).
Une belle lecture de fin d'année.
Si vous voulez en savoir plus sur le Palais de la Femme, tel qu'il fonctionne aujourd'hui, je vous conseille de lire le témoignage d'un photojournaliste qui a fréquenté le Palais pendant un an (ici). Il s'agit de Vincent Gerbet.