
2 heures 08 - lu par Christina Crevillèn, avec la participation de Ginette Kolinka
J'ai entendu récemment avec tristesse, dans les médias, que le Covid-19 avait décimé plusieurs rescapés de la shoah dans un Ehpad de la région parisienne. J'espère de tout cœur que ces personnes auront laissé une trace de leur passé, comme a pu le faire Ginette Kolinka dans "Retour à Birkehau".
Issue d'une famille de petits commerçants, Ginette Kolinka a travaillé toute sa vie sur les marchés. En rentrant des camps, elle n'a pas raconté ce qu'elle avait vécu. Personne ne s'intéressait alors au récit des rescapés. Les gens voulaient oublier la guerre et personne ne réalisait ce qu'était un camp d'extermination. Ginette pesait 26 kilos quand son calvaire a pris fin. Il lui a fallu trois ans pour remonter la pente. Au fil du temps, elle a cru oublier ce qu'elle avait vécu dans les camps mais l’essentiel était intact dans un coin de sa mémoire. Ce n'est qu'une fois à la retraite qu'elle a répondu à la demande qui lui était faite de témoigner. Depuis, elle intervient dans les classes et accompagne des groupes d'enfants à Auschwitz. Elle oublie la fatigue de l'âge (elle a 95 ans aujourd'hui) pour dire inlassablement aux jeunes qu'il ne faut pas encourager la haine et le racisme.

Après avoir présenté sa famille, Ginette Kolinka relate son arrestation par la Gestapo puis ses premières heures au camp, quand la honte de la nudité était plus forte que la douleur d'un tatouage à vif : "Elle me tatoue : matricule 78599. Il y en a, parait-il, qui hurlent de douleur, de surprise, d'effroi. Je ne sais même pas si ça fait mal, tant la honte de la nudité est forte, cuisante. Je ne sens rien d'autre."
Quelques jours plus tard, il ne sera plus question de dignité mais de survie : "Des heures de garde-à-vous, gelées, tremblantes, épuisées. Je voudrais m'asseoir, m'écrouler, dormir, mais non : il faut rester debout et se tenir droite". Ginette apprend à survivre. Chaque jour est une lutte. Elle aura la chance de s'en sortir, grâce au hasard ou à une forme d'intuition qui lui fera prendre, un jour donné, la bonne décision.
La version audio est accessible à tous. Si vous n'avez pas l'habitude de lire audio, vous ne serez pas dérouté. Ginette Kolinka commence la lecture du texte, puis passe le relais (la transition est habile) à une lectrice plus jeune qui nous ramène plusieurs décennies en arrière. Nous retrouvons Ginette, à la fin du témoignage, pour une interview par audiolib. La rescapée revient sur sa vie, avant, pendant et après les camps.
Je peux comprendre que l'on n'ait pas envie de se plonger dans une telle lecture dans le contexte actuel. Lire ce témoignage en période de confinement m'a pourtant permis, d'une certaine façon, de relativiser ce que nous vivons aujourd'hui.
A découvrir, aujourd'hui ou plus tard...

Géraldine 23/04/2020 18:28
gambadou 22/04/2020 21:54
Lilly 18/04/2020 16:16
Max 18/04/2020 12:05
Karine 18/04/2020 01:47
sylire 18/04/2020 14:56