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POL - 392 pages - août 2020
C’est utile quand la vie vous sourit de savoir qu’elle va vous passer à tabac et quand on tâtonne dans les ténèbres, que la lumière va revenir. Ça donne de la prudence, ça donne de la confiance. Ça aide à relativiser ses états d’âme. Du moins ça devrait.
Tout commence par un stage de Yoga, auquel participe Emmanuel Carrère avec l'idée d'écrire "un petit livre subtil et souriant sur le Yoga". Le résultat n'est pas à la hauteur de l'objectif même si, au début du roman, on pourrait le croire.
L'auteur pratique la méditation régulièrement mais pas de façon soutenue. Avec un stage intensif d'une dizaine de jours, il se fixe un petit challenge personnel à relever. S'adonner à la méditation, assis pendant plusieurs heures sur un petit coussin, n'est pas donné à tout le monde (à titre personnel, je l'imagine pas tant j'ai besoin d'être "productive").
"Il s'agit de s'asseoir en silence, de porter l'attention sur son souffle, d'être présent à tout ce qui traverse le champ de la conscience, de l'observer sans le juger, de ne rien attendre, de laisser faire, de lâcher prise."
Le stage commence sur de bonnes bases mais l'attentat de Charlie Hebdo vient tout chambouler. L'auteur, qui connait personnellement Bernard Maris, est appelé à Paris pour participer à ses obsèques. A la page 148 (sur 390) nous quittons le stage de Yoga pour suivre l'écrivain à son domicile, où il est ramené brutalement à la "vraie vie". Il est fortement déconseillé d'interrompre un stage de méditation avant la fin. L'auteur va l'apprendre à ses dépens. La partie suivante s'appelle "Histoire de ma folie". L'auteur bascule, pour une raison qui n'est pas dite mais que l'on peut deviner en lisant la presse, dans une très profonde dépression. Hospitalisé en psychiatrie, il est diagnostiqué bipolaire.
"On est deux dans le même homme, et ces deux là sont des ennemis".
Il touche le fond et passe, dans un état second, quatre mois cauchemardesques. Puis il sort de l'hôpital et, peu de temps après, part pour Léros, une île de la mer Egée où l'attend une mission humanitaire. Dans une partie intitulée "les garçons", il parle d'autres vies que la sienne, sans s'oublier.
"Tu n'es pas juste venu prendre notre malheur, tu as raconté aussi le tien."
La publication d'un livre d'Emmanuel Carrère est pour moi un évènement. L'auteur laisse passer plusieurs années entre deux publications et choisit toujours des thèmes très originaux. Chaque livre est une aventure dans laquelle je me plonge "corps et âme". Yoga n'a pas fait exception même si, je l'avoue, j'ai trouvé cet opus moins abouti que les précédents, plus décousu. Le fil conducteur est "la méditation" mais l'enchainement des différentes séquences de l'ouvrage m'a semblé artificiel.
Quoi qu'il en soit, c'est un livre que aimé parcourir (pour ne pas dire dévorer). L'écriture d'Emmanuel Carrère est d'une grande fluidité. La partie concernant le Yoga est traitée avec beaucoup d'humour. Celle intitulée "Histoire de ma folie" contraste avec la précédente, bien que l'auteur sache pratiquer l'autodérision en toutes circonstances. Nous plongeons avec l'écrivain dans le monde de la folie.
Emmanuel Carrère est un personnage admiré par les uns, détesté par les autres. A titre personnel, j'essaye de faire la part des choses entre l'écrivain et la personnalité médiatique, même si les deux cohabitent fortement chez Carrère, comme le montre l'extrait ci-dessous :
"J'écris pour devenir un meilleur être humain, c'est vrai, j'écris parce que j'aime écrire, j'écris par goût du travail bien fait, j'écris parce que c'est ma façon de connaître la réalité. J'écris aussi pour être célèbre et admiré, ce qui n'est certainement pas le meilleur moyen de devenir un meilleur être humain. Mon travail est le bastion de mon ego."
Lire ou ne pas lire Yoga ? A vous de voir !
L'Irrégulière 21/10/2020 12:01
sylire 26/10/2020 14:50
Lilly 14/10/2020 15:56
sylire 15/10/2020 13:23
Mael Jouet 14/10/2020 14:30
Jérôme 14/10/2020 12:46
sylire 15/10/2020 13:22
gambadou 14/10/2020 11:27
sylire 15/10/2020 13:21