10 mars 2007
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Elle est l'auteur plusieurs romans publiés en France aux éditions de l'Aube, notamment : Cette fille là (2001), Entendez-vous dans les montagnes (2002), Au commencement était la mer (2003). Sous Le jasmin la nuit (2004) et Surtout ne te retourne pas (2005).

La romancière a vécu la décolonisation de façon particulièrement dramatique puisque son père instituteur est mort après avoir été torturé par des militaires français. Elle avait alors 6 ans. Son père avait tout juste eu le temps de lui apprendre à lire et à éveiller en elle une grande passion pour la lecture. J'avais connaissance de cet épisode de sa vie avant la rencontre, mais j'ai ressenti beaucoup d'émotion quand elle a évoqué devant nous ce drame qui la hante encore.
Le livre recouvre la période qui commence en 1962, année de l'indépendance de l'Algérie jusqu'en 1992, année ou le FIS gagne les élections et plonge le pays dans la peur et la haine. Entre les deux périodes, beaucoup d'espoir puis une désillusion progressive.

Il s'agit d'un roman, bien que l'histoire soit en grande partie autobiographique. Deux personnages, l'un féminin, l'autre masculin prennent tour à tour la parole. La petite fille du roman, Lilas, a beaucoup de points communs avec Maïssa enfant. En revanche, le personnage masculin, Ali, est totalement fictif. Le « troisième
personnage » est l'immeuble d'Alger dans lequel a vécu Maïssa pendant de nombreuses années. Tout comme la petite Lilas, Maïssa a passé l'été 1962 à parcourir les appartements vides des européens qui avaient fuit Alger. Elle s'asseyait dans les fauteuils et lisait les livres et revues qu'elle y trouvait, dévorant avec le même appétit les auteurs français et des revues comme « Nous deux » ou « Cinémonde ». Elle a découvert, cet été là, un univers qui lui était jusque là totalement étranger.


Bleu blanc vert est l'histoire tourmentée d'un pays, mais aussi celle deux enfants d'un même immeuble qui tombent amoureux, se marient et se trouvent confrontés aux problèmes d'une société en perpétuel confit entre tradition et modernité.
Nous avons demandé à Maïssa Bey si elle écrivait de façon spontanée. Elle nous
répondu que non, que c'était très difficile, qu'elle travaillait énormément, la nuit où la concentration est la plus forte. Elle nous a fait sourire en nous disant que, contrairement aux hommes écrivains, elle disposait de peu de temps pour elle. En plus de son travail de conseillère pédagogique dans sa ville de Sidi Bel-Abbès (photo ci-contre), elle doit accomplir les tâches ménagères, courses, repas... et le temps dont elle dispose est celui qui lui reste quand tout cela est fini (comme beaucoup d'entre nous probablement !).

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A la question : « Pourquoi écrivez-vous en français plutôt qu'en arabe » elle nous a répondu avec humour « Mais parce que j'ai été colonisée ! » Elle parle l'arabe courant mais ne se sent pas suffisamment à l'aise pour écrire dans cette langue.
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Elle nous a parlé d'une oeuvre à laquelle elle participe activement en tant que présidente d' une association de femme : la création d'une bibliothèque dans sa ville de Sidi Bel-Abbès (photo ci-contre). Il faut savoir que les livres sont à un prix inaccessible en Algérie, d'où l'importance de ce type de projets. Elle s'occupe également, dans le cadre de son association «Paroles et Ecriture » d'animer des ateliers d'écriture pour les femmes. Son engagement dans la reconstruction de son pays est tout à fait admirable.
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Je ne peux pas bien entendu restituer l'intégralité de la rencontre mais j'espère vous en avoir donné l'esprit. On ne peut que souhaiter à l'Algérie des jours meilleurs et à Maïssa Bey de continuer à écrire, pour nous Français comme pour les Algériens. Ses livres sortent également là-bas aux Editions Barzakh.
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La soirée s'est terminée de façon conviviale à déguster des loukoums et autres pâtisseries en buvant
du thé à la menthe, tout en échangeant nos impressions sur la soirée. Pendant ce temps, Maïssa dédicaçait les livres et parlait individuellement avec les uns et les autres.

Une rencontre très marquante et enrichissante...
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Malice a beaucoup aimé ce livre également
bouhadoun 09/11/2011 21:14
goelen 24/05/2008 21:23
Béatrix 11/03/2008 13:32
sylire 11/03/2008 18:43
Anjelica 14/03/2007 16:56
sylire 14/03/2007 21:56
Tamara 13/03/2007 18:50
sylire 13/03/2007 18:56