7 octobre 2007
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La rencontre était organisée par la Librairie Dialogues. Elle invite chaque semaine, un ou plusieurs écrivains. C'était la première fois que je participais à une rencontre dans ce cadre. C'est avec Mammig à mes côtés, que j'ai écouté avec grand intérêt Philippe Claudel.

Tout d'abord, quelques questions lui ont été posées sur la rentrée littéraire, les critiques, les prix… Il a déploré la concentration des parutions dans une année (les fameuses saisons), nous a confié qu'il ne lisait jamais les critiques des journalistes, que cela ne l'intéressait pas. Concernant les prix, il a souligné que ce n'était pas un exploit d'en avoir un (2500 prix en France) et que c'était un phénomène très français, notre pays adorant les médailles. Quant au prix Goncourt pour lequel il est en lice, il a pronostiqué une année Amélie.
Après ces considérations générales, il est entré dans le vif du sujet. Il considère que ses trois derniers romans constituent une trilogie (Les Ames grises, La petite fille de M. Linh et le Rapport de Brodeck). Ce n'était pas son intention au départ mais c'est le sentiment qu'il a eu, une fois finie l'écriture du dernier. Le lien entre les trois oeuvres est le thème de la guerre et l'exploration de l'inhumanité. Après avoir écrit sur ces sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur, il a l'impression d'avoir tout dit, qu'il pourrait maintenant s'arrêter d'écrire. (On espère que non !).



Le style de chacun de ses livres est différent car il se laisse porter par la voix du personnage principal qui lui dicte le ton à donner.
Le déclenchement de l'écriture du Rapport de Brodeck est une phrase qu'il a rêvée : "je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien". A partir de cette phrase, il a écrit un roman parabole qui parle de la Shoah, du massacre de "l'autre collectif". Volontairement, il a gommé le contexte historique, pour que l'on ne puisse pas vraiment situer l'histoire ni dans un lieu, ni dans le temps. On sait tout de même qu'elle se déroule dans la sphère germanique.
Un homme appelé Brodeck se trouve contraint de rédiger un rapport sous la menace des habitants d'un village. Quelque chose de terrible s'est produit dans ce lieu et les habitants veulent se disculper.
Il revendique le "manque d'originalité" dans le choix de ces sujets, considérant qu'au fond, en littérature, ce sont toujours les mêmes thèmes qui sont abordés, mais de façon différente.
Quelqu'un lui a demandé pourquoi il n'écrivait pas sur le présent, mais uniquement sur les guerres du passé. Il a répondu qu'au contraire il avait en tête les guerres d'aujourd'hui lorsqu'il écrivait. Dans les "Les âmes grises", notamment, il a avait en tête la guerre en Ex-Yougoslavie autant que celle de 14-18.
Il a voulu écrire un roman de mémoire en ayant un réel soucis humaniste. Il considère que son livre est tragique mais pas désespéré car il y a aussi des moments de bonheur et d'espoir dans l'histoire. Pour lui, l'amour est un moteur puissant et parfois le seul auquel on peut se raccrocher. Il a voulu que la fin du roman donne une note d'optimisme.

Je ne vous ai pas tout dit pour ne pas faire trop long, mais j'espère avoir été fidèle à ses propos. Je suis très impressionnée par le talent de l'écrivain et la personne m'a intimidée. J'ai acheté Le rapport de Brodeck, je l'ai fait dédicacer, mais je n'ai pu aligner que les deux mots suivants : "Merci" et "au revoir". Dommage !
Je participe depuis plusieurs années aux rencontres de lecteurs organisées dans le cadre du prix des lecteurs Inter-Ce. Une intimité se crée très vite avec l'auteur car nous sommes peu nombreux et nous connaissons. Cela n'a été le cas ici, vu le monde, mais j'ai tout de même apprécié la rencontre, car Philippe Claudel est quelqu'un de très cultivé et passionnant à écouter. Je me plongerai très bientôt dans Le rapport de Brodeck . Je pense que cette rencontre donnera à ma lecture un éclairage intéressant.
Nous avons discuté un moment, Mammig et moi, sur le parvis de la librairie et avons vu Philippe Claudel sortir. Il nous a fait un petit signe de main que nous avons bien apprécié, en guise de conclusion à la soirée.
Moustafette 14/10/2007 13:16
ecaterina 13/10/2007 10:31
sylire 13/10/2007 14:31
katell 12/10/2007 21:18
sylire 13/10/2007 14:33
Philippe 11/10/2007 22:29
sylire 12/10/2007 18:53
ptitlapin 11/10/2007 09:36
sylire 11/10/2007 18:36