Audiolib 2014 - 16 h 56
La guerre de 14 tire à sa fin mais tout peut encore arriver et ce n'est pas Albert Maillard et Edouard Péricourt qui soutiendront le contraire. Les deux ont failli mourir sur le champ de bataille en novembre 1918. Le premier s'en sortira sans séquelles, sinon psychologiques, alors que le second fera partie des "gueules cassées". Ces deux-là, d'origines sociales différentes, ne seraient jamais côtoyés sans la guerre. Les circonstances vont faire qu'Edouard sauvera la vie d'Albert qui, se sachant redevable à son nouvel ami, lui apportera à son tour un précieux soutien.
On les retrouve après la guerre, partageant le même logement, Albert travaillant pour deux. Edouard se fait désormais appeler Eugène. Il ne veut plus voir sa famille et notamment son père, un homme froid qui n'a jamais accepté sa fantaisie. Le brave Albert tente de distraire son ami sans visage. Ce dernier, souffrant le martyre, physiquement et psychologiquement, se laisse aller à l'apathie, se droguant plus que de raison pour calmer la douleur. Il se fabrique des masques pour passer le temps (il a toujours aimer dessiner). Un jour lui vient une drôle d'idée : monter une escroquerie en se faisant de l'argent sur le dos des morts de la guerre. En râlant, Albert finira par le suivre dans sa folle aventure...
Je vous ai résumé l'histoire en quelques lignes mais mon résumé est bien réducteur car c'est un livre foisonnant, aux multiples rebondissements. Je vous ai cité deux personnages mais j'ai omis de vous parler du commandant d'Aulnay Pradel, une ordure de première, à la guerre comme dans la vie civile, un homme sans foi ni loi. Je ne vous ai pas non plus parlé de la famille d'Edouard, les Péricourt, dont Albert va faire la connaissance bien malgré lui. Les personnages de ce livre sont décrits avec subtilité et suffisamment de détails pour qu'on s'en fasse une idée assez précise.
Voilà un livre distrayant, fort bien écrit et ancré dans un contexte historique passionnant, celui de l'après-guerre. C'est le 3ème ouvrage, en quelques mois, que je lis sur cette époque (après "Les fleurs d'hiver" d'Angélique de Villeneuve et "Mauvais genre" la BD de Chloé Cruchaudet). C'est intéressant de découvrir la même époque sous la plume de trois auteurs d'univers différents. Dans "Au revoir là-haut", j'ai aimé le côté roman fleuve ainsi que l'originalité et la subilité de l'histoire. J'ai cru comprendre qu'il y aurait une suite à "haut revoir là-haut". Je m'en réjouis, imaginant une saga dans le genre des "Rougon Macquart" de Zola...
J'avais une petite appréhension sur le fait que Pierre Lemaître lise lui-même son texte. Sa voix n'est pas de prime abord particulièrement mélodieuse. J'avais tort car j'ai énormément apprécié son interprétation, toute en nuances. Il fait notamment très bien passer l'ironie sous-jacente de nombreux passages de son texte (et qu'on lit probablement entre les lignes dans la version papier).
Une réussite à tous niveaux !
Une lecture commune avec Valérie