Aout 2014 - 224 pages - Gallimard
"Pendant des années, j'ai pris des notes.
J'ai parcouru son œuvre sans cesse.
J'ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.
J'ai tenté d'écrire ce livre tant de fois.
Mais, comment?
Devais-je être présent?
Devais-je romancer son histoire?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre?
Je commençais, j'essayais, puis j'abandonnais.
Je n'arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l'arrêt à chaque point.
Impossible d'avancer.
C'était une sensation physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer.
Alors, j'ai compris qu'il fallait l'écrire ainsi."
Au premier abord, j'ai été un peu déstabilisée par la forme de ce roman : un long poème narratif, aux vers libres. Mais une fois familiarisée avec cette particularité, j'ai été happée par l'histoire tragique de cette jeune fille juive qui a eu la malchance de naître à la mauvaise époque. Je ne connaissais pas Charlotte Salomon avant de la découvrir sous la plume de David Foenkinos.
Née dans un foyer juif intellectuel et plutôt aisé de Berlin, Charlotte a été frappée très jeune par le malheur. Sa mère s'est suicidée alors qu'elle n'avait que neuf ans. Cette mort violente n'a été ni la première ni la dernière de sa lignée. Mais contrairement à sa mère et à sa tante, Charlotte ne choisira pas sa mort. Elle sera arrachée à la vie à l'âge de vingt-six ans, ainsi que le bébé qu'elle portait. Réfugiée à Nice, où elle se sentait pourtant en sécurité, elle sera dénoncée, ainsi que son mari. Elle mourra à Auschwitz en octobre 1943, laissant derrière elle une oeuvre d'une étonnante beauté.
En marchant, elle pense aux images de son passé.
Pour survivre, elle doit peindre son histoire.
C'est la seule issue.
Elle le répète encore et encore.
Elle doit faire revivre les morts.
Sur cette phrase, elle s'arrête.
Faire revivre les morts.
Je dois aller encore plus profondément dans la solitude.
De son vivant, Charlotte n'a pas eu la reconnaissance qu'elle aurait dû avoir. A l'école des beaux-arts, où s'était inscrite à Berlin, elle a subi une injuste discrimination du fait de ses origines juive. Poussée par sa passion du dessin, Charlotte ne s'est pas découragée, peignant dans l'urgence. Elle pressentait que le temps lui était compté. Elle ne se trompait hélas pas. Son oeuvre, autobiographique, a servi de matériau à Foenkinos. L'écrivain partage avec nous sa fascination, sa tendresse et son admiration pour la jeune artiste. En refermant l'ouvrage, très émue, je n'ai eu qu'une envie, découvrir sa peinture.
Un roman original tant par la forme que par le fond.
Les avis de : Noukette - L'irrégulière - Laure (Micmélo) - Gambadou - Zazy
Ce livre a obtenu le prix Goncourt des lycéens.
Charlotte :
Un aperçu de son oeuvre :
Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.
Pour en savoir plus sur Charlotte Salomon
Une lecture qui rentre dans le challenge 1 % 2014 (15)