Folio - 380 pages (publié par sa fille Catherine en 1994)
C’est après avoir vu et beaucoup apprécié un téléfilm consacré à Camus au moment du 50ème anniversaire de sa mort, que l’envie m’est venue de lire « Le premier homme », ce roman inachevé dans lequel l’écrivain évoque avec une grande sincérité son enfance algérienne. Le téléfilm ne présentait que brièvement l’enfance de Camus mais suffisamment pour me donner envie d’en savoir plus. La session du blogoclub consacrée aux Prix Nobel de Littérature (Camus a obtenu le prix en 1957) m'a donné l'occasion de me plonger dans cette oeuvre.
Le petit Albert (Jacques dans le roman) n’avait pas les conditions idéales pour devenir journaliste puis écrivain, c’est le moins que l’on puisse dire. Issu d’une famille pauvre et illettrée d’Alger, il doit son brillant parcours à un instituteur qui réussira à convaincre sa famille de le laisser poursuivre ses études. Il n’a pas connu son père. Sa mère souffrait de surdité, ce qui l’isolait terriblement. Effacée, elle laissait sa propre mère éduquer l'enfant. Le jeune garçon subissait l’extrême sévérité de sa grand-mère sous les yeux de sa mère, impuissante. Adolescent, il lui faudra assumer le fossé que l’instruction a creusé entre lui et sa famille. Dans « le premier homme » Camus évoque cette enfance marquée par la pauvreté et la relation particulière avec sa mère, qu'il aimait plus que tout. Il confie aussi la honte qu’il éprouvait adolescent d’appartenir à ce milieu, et la souffrance que lui procurait ce sentiment peu glorieux.
C’est une lecture passionnante et très touchante qui permet de mieux comprendre l’œuvre de l’écrivain et son parcours personnel. Le récit a été écrit d’un jet et comporte des imperfections mais le texte retravaillé n’aurait-il pas perdu en sincérité ?
Désolée pour le retard à produire ce billet, qui aurait dû être en ligne le 1er septembre...
Ce décalage me permet de faire un petit point sur cette session consacrée aux Prix Nobel de Littérature. Sur la centaine d'auteurs qui a obtenu le prix, une bonne vingtaine a fait l'objet d'au moins un billet. Les deux auteurs qui ont été choisis par le plus de participants sont Albert Camus et Doris Lessing (3 pour le premier, 4 pour la seconde).