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Du narrateur, nous ne saurons pas grand-chose sinon qu'il a connu, autrefois, un dénommé Jansen, photographe professionnel. Admiratif de son talent, le narrateur avait trié et recensé, sur des cahiers, les innombrables clichés du photographe, rangés en vrac dans des valises. Mais le travail à peine fini, Jansen avait pris ses cliques et ses claques avec les photos, et n'était jamais réapparu. Des années plus tard, le souvenir du photographe revient le hanter. Il mène alors une sorte d'enquête et fouille dans sa mémoire pour tenter de voir plus clair sur ce personnage qui est resté, à ses yeux, profondément énigmatique.
J'avoue ne pas avoir bien compris l'obsession subite du narrateur pour un homme qui n'a fait que passer dans sa vie et qu'il a oublié pendant trente ans. Les souvenirs liés à ce photographe sont assez anecdotiques : des gens rencontrés chez lui fugitivement, quelques conversations sans grand intérêt, des lieux visités ensemble, à Paris. La première phrase du roman donne bien le ton "J'ai connu Francis Jansen quand j'avais dix-neuf ans, au printemps de 1964, et je veux dire aujourd'hui le peu de choses que je sais de lui".
De Modiano, j'ai lu il y a quelques mois un autre roman : "Une jeunesse". Dans les deux cas, il s'agit de romans d'atmosphère mais "une jeunesse" m'avait tout de même semblé plus consistant. J'avais bien cerné les personnages et appréhendé leur jeunesse. Dans "chien de printemps", on ne fait que survoler brièvement quelques instantanés de vie. Dans les deux romans, la fin est très énigmatique. Voici celle de "Chien de printemps", que j'avoue ne pas avoir bien saisie : "Il m'a dit qu'au bout d'un certain nombre d'années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous-même par insouciance ou lâcheté : un frère, un double est mort à notre place à une date et dans un lieu inconnus et son ombre finit par se confondre avec nous".
La petite musique de l'écrivain Prix Nobel sonne juste dans la bouche d'Edouard Baer" mais je dois avouer que j'ai été déçue par ce texte. Ce n'est sans doute pas le meilleur Modiano.